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Nous et le Reste

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14 avril 2006

Parfum

Proust ne s’est pas trompé en remarquant que certaines odeurs ont le fabuleux pouvoir de réveiller des souvenirs. Malheureusement se genre de situation peut se produire quand on ne le désir pas. Par exemple lorsque tout va bien, des souvenirs qu’on voulait oublier peuvent reprendre le dessus et nous faire totalement changer d’état d’esprit, d’humeur :

Aujourd’hui petite sortie du midi avec Claire une amie étudiante. Au menu kebab -la classe- Je me promenais avec elle dans Tours avec pas grand chose en tête à dire, on venait de passer à la fac où il y avait toujours des barricades de chaises à la plupart des entrées. On regardait les vitrines, on flânait. J’était bien en fait parce que pour la première fois depuis un certain temps je me sentais bien entouré de tout ce monde. Rien que le fait d’être accompagné d’elle avait du me mettre en confiance, un état extrêmement zen moi qui suis pourtant nerveux dès que je ressens le stress de la ville. J’était bien.

Puis vint un parfum qui nous dépassa. Un parfum que je connaissais très bien et j’y mis tout de suite une tête dessus. Des souvenirs ressurgirent, des bons souvenirs qui font quand même mal au cœur quand j’y repense. Un fantôme venait de me dépasser sans que je puisse lui parler parce que les ponts sont coupés, parce qu’on n’a plus rien à se dire, parce que tout est dit.

Elle avait dû me reconnaître de dos et se retourna en faisant mine de se recoiffer en se regardant dans une vitrine. Je détourna le regard.

Ensuite toute mes penser n’étaient plus qu’absorbé dans ces souvenirs, ces regrets. Je me retrouvais à nouveau tendu. Claire ne comptait plus. Une bise et à bientôt voilà en gros les seuls mots que je ressortis.

Je suis crevé.

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11 avril 2006

Nous et le reste

    Le pire c’est lui, le pire dans toute ça vie, c’est lui. Il ne se supporte pas, ne s’aime pas, se trouve idiot et impuissant face au monde qui l’entoure, aux gens qu’il fréquente. Que devait-il faire, que devait-il penser ou corriger pour aller mieux, se sentir plus intégré ? Bigou est constamment envahit de ces questions et d’une faiblesse insurmontable, sentiment constant de n’être que devant un écran de télévision à regarder et à critiquer ce mouvement perpétuel humain sans pouvoir l’influencer, se sentant à la fois entouré mais horriblement seul dans sa tête, comme enfermé dans une coquille.
    A l’arrière d’une cours sombre et humide, il pense et se torture l’esprit. Assis là, adossé à la porte en regardant le sol et la lueur incandescente de son mégot laissé tombé quelques instant plus tôt. Le vent le balaya et tout redevint noir. Encore une réflexion personnelle sur l’humanité et sur lui-même rien de pire pour s’auto dégommer. Mais ici il se sent en sécurité malgré les peurs que la nuit déclenche, sûrement des reflex ancestraux ou simplement la peur du vide et de l’inconnu. Cette nuit qui ne lui fait plus peur depuis un moment, depuis l’accident en fait. La seule amie qui semble le comprendre, toujours à vous écouter sans jamais vous contredire. Passer des heures dans ses bras à se faire bercer par ce profond moment de solitude où il a appris que la liberté a un autre goût quand tout le monde dort. Voilà son petit bonheur de noctambule.
    Mais ce soir elle ne déclencha chez lui que des pleurs, des sanglots retenus, douloureux aussi bien pour la gorge que pour le cœur. Une douleur mentale devant à tout prix s’échapper de la tête par les larmes. Il ne savait plus depuis longtemps pourquoi il était triste. La seule chose qu’il sait à l’heure actuelle c’est que ça lui fait du bien. Une bonne dose de chagrin est bon pour la santé au même titre que le rire avait il remarqué. La paix n’existerait pas sans la guerre.

    Lepetru s’agenouilla pour ramasser son compas. Une maladresse handicapante d’autant plus quand c’est ce genre d’objets qu’il laisse s’échapper. Un peu plus et c’était un trou dans le chat. Il pris son crayon, le mâchonna machinalement dans un élans de réflexion. Comment rendre possible cette perspective. Toujours le même problème de perspective de merde. De toute façon il commençait à être trop tard dans la nuit pour arriver à trouver la solution. Le schéma était exact et correspondait bien au cahier des charges mais pourtant quelque chose clochait. Quelque chose de palpable mais d’introuvable, sûrement un défaut de son œil expert ne voyant que les petits détails des courbes dessinées, des ombres portées. Il reviendrait dessus plus tard. Trop de concentration ne lui permettait plus de voir son dessin dans l’ensemble et de trouver cette foutue erreur de perspective ou pire un oubli d’un détail. Il ne supportait pas les erreurs de ce type.
    Il pris sa veste, son calepin embroché d’un crayon et sortit de son appartement en se forçant d’oublier son travail. Une coupure nette et brutale, un retour à la réalité, à ce que nos sens peuvent simplement nous montrer et notre cerveau interpréter de la façon la plus neutre possible. Surtout ne plus penser à l’architecture. Se détendre.
    Il prit par le Boulevard Lityom un de ses parcours préféré. Pas un arbre plus haut que l’autre, les lampadaires scientifiquement écartés de façon a créer au sol une surface maximum d’éclairage tout en garantissant un moindre coût d’électricité. Budget oblige. De l’espace sur les trottoirs au bitume lisse, une piste cyclable tout à fait réglementaire et des feux à n’en plus finir, cauchemar des automobilistes mais soulagement des piétons de la rude épreuve de la traversée du fleuve noir. Il admirait l’urbaniste qui avait conçut ce boulevard. Un de ses modèles.
    Il sortit de sa veste un petit paquet rose contenant ses biddees et essaya de s’en allumer un. Avec la difficulté que le vent lui ajoutait il lui était impossible d’enflammer son briquet. Il faudrait bien un jour arriver à canaliser les courants d’air de ces villes. Peut être deviendrait il reconnu grâce à ça se dit il une expression cynique au coin des yeux. Il se tourna à la recherche d’un endroit abrité du vent. Cette petite entrée à cinq mètre semblait avoir été imaginé pour lui. Qui sait ce qui se passait dans la tête des architectes lorsqu’ils construisaient ce genre de recoins. Peut être simplement à allumer leur clope.
    Il s’y engagea et s’aperçu qu’il s’agissait d’une petite ruelle étroite faisant le passage entre deux bâtiments. Là au moins le feu fonctionnait. Grand soulagement de tirer sur sa cigarette d’où une odeur de feuille brûlé se dégagea. Vraiment ce travail lui procurait bien autant de plaisir que de stress.
Il se mit à regarder dans le fond de ce couloir sans en voir le bout. La curiosité l’emporta et il tourna le dos à son boulevard chéri pour ce glisser dans les entrailles de la ville. Il aimait bien se l’imager comme un corps biologique parcouru d’artère et de petit vaisseau à l’image de cette ruelle. Le cœur étant la mairie ou bien peut être le quartier commercial. Il préférait cette vision.
Ici plus aucun éclairage urbain ne s’aventurait plus par soucis de préserver des coins aventureux que d’économiser de l’énergie. Un moyen simple de réveiller l’instinct de conquête. La conquête d’un univers parallèle à portée des jambes. 
Il marcha ainsi quelques instants, sa main libre caressant pour ce guider un mur friable gorgé d’humidité. Même le sol n’avait pas de revêtement. Parcelle moyenâgeuse d’une ville se voulant moderne. Il arriva sur une petite cours tout aussi boueuse. Seulement une vielle porte massive encastrée dans le mur d’en face. Voilà donc la fin de son trajet. Une porte clause dans un endroit glauque. Il se retourna pour apercevoir la lueure rassurante du boulevard et jeta alors un regard légèrement méprisable sur la porte cause de la fin de son parcourt. Il finit par se décider à rebrousser chemin. Son biddees éteint il en profita pour le rallumer tant que le vent ne l’avait pas trouvé. Encore un endroit qu’il ne pourrait visiter, sa frustration la plus profonde étant de ne pas tout connaître de cette ville. Désir impossible à assouvir mais aiguisant sa motivation à créer lui même ces recoins. Il commença à remonter vers la lumière sa cigarette dans une main et l’autre dans une poche de sa veste.

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